mardi 7 février 2012

L'homme politico-médiatique, chimère des idées



Les médias, fer de lance du politique

Sur tout support, il est possible de suivre l'évolution de l'info en continue, l'homme politique moderne va multiplier les apparitions publiques, les contacts avec la presse, les interviews ou bien des déclarations pour inonder le flux de l'information. Ainsi en une journée une déclaration politique peut naître le matin, être discutée l'après midi et mourir dans la soirée : un commentaire virulent d'un député suite à une session parlementaire peut créer nombre de remous dans une durée limitée et sans conséquences.

Pour mettre en avant leur action et en faire un succès, les politiques n'hésitent pas à jouer avec l'image renvoyée par les médias. Le président de la république, en visite sur un chantier dans l’Essonne le 2 février dernier, n'a pas hésité à demander à plusieurs personnes extérieures au chantier de l'accueillir pour faire du nombre. Cette recherche de la popularité s'inscrit dans une démarche volontaire de manipulation de l'information.

Quand ce même président réactive son compte facebook à quelques mois de la présidentielle, il est facile d'y voir une volonté d'occuper le terrain médiatique et de toucher l'électorat, en l’occurrence se rendre sympathique et accessible.
En touchant l'électorat, le président influence les intérêts de celui-ci et l'intérêt de l'info, les médias érigent certaines infos plutôt que d'autres.

L'opinion publique maître de la hiérarchie de l'info

Les médias, soumis à l'info à la demande, relayent volontiers les volontés politiques réclamées par les lecteurs eux-mêmes convaincus de leur importance. Cette demande, permise par les innovations technologiques, rend l'info disponible pour tous et par tous, chacun peut  l'apporter ou la discuter.

La dépendance économique des médias à l'égard de l'opinion publique place celle-ci en situation favorable pour dicter la hiérarchie des infos, il est de plus en plus facile pour elle d'imposer ses choix aux rédactions.
En effet, les recommandations "j'aime" des réseaux sociaux facebook et google+ dictent de plus en plus le contenu éditorial des médias. Le journal Le Monde par exemple est obligé de tenir compte de l'appréciation populaire pour mettre en avant certains sujets plutôt que d'autres. 
Cette demande de la "bonne nouvelle" éclipse les sujets fondements comme le chômage, les inégalités sociales ou les urgences climatiques.

Cette évolution tend à abaisser le niveau de l'information et de la réflexion; est mise en avant la recherche de l'info pour l'info, du scoop privé de sens. En témoigne l'obsession de la perte du triple A sans jamais parler des réelles conséquences sur les finances publiques.

La logique éditoriale d'un journal est de se rapprocher de l'attente des lecteurs, les rédactions semblent de plus en plus se plier aux exigences populaires au détriment d'une information de qualité. Elles doivent faire face à un nouveau défi : faire coexister popularité et qualité.

L'offre politique en adéquation avec la demande publique

Les politiques vont alimenter cette demande à leur avantage, en associant leurs actions aux thèmes en vogue ou en les rendant séduisantes.

Les débats publics proposés et relayés par les médias sont l'occasion de monopoliser l'attention sur un thème précis pour en masquer un autre embarrassant. Ces choix arbitraires et électoralistes comme la récurrence des problèmes de sécurité assurent aux politiques un débat favorable.
Parallèlement, l'adaptation de l'offre politique à la demande se manifeste par une volonté de pouvoir répondre à toutes les questions n'importe quand sans véritable recherche de cohérence ou de ligne directrice. 
L'abondance des mesures contradictoires novatrices, souvent irréfléchies et irréalisables sont là aussi une occasion de satisfaire la demande de l'opinion publique.

L'omniprésence politique ressemble d'avantage à un bricolage médiatique qu'à une action de fond, cependant celle-ci peut se retourner contre ses principaux acteurs. Cette sur représentation médiatique engendre un certain nombre de complications, se succèdent lapsus, voix off qui ont dé-crédibilisé certaines figures politiques comme Brice Hortefeux ou Rachida Dati, ou des phrases sorties de leur contexte, la dernière en date trahissant la pensée du ministre de l’intérieur.

La politique du vent normalisée

Cette corrélation entre la modernisation des médias et l'adaptation des politiques pour séduire l'opinion publique provoque un changement sociologique et de surcroît la manière de faire de la politique.
Le phénomène le plus intéressant est sans doute la tendance théâtrale de l'action politique, d'une part par les médias et d'autre part par les acteurs.
L'heure est à la mise en scène, à la dramatisation quotidienne des enjeux, le phénomène de l'hyper présidence en est une des principales sources.

C'est la politique du faire croire qui prédomine, des mesures incessantes sans suite ni cohérence qui devient la base du comportement de l'homme politique moderne et du président actuel, il doit être capable de régler tous les problèmes, c'est une véritable politique du vent dont on ne retiendra pas grand chose à son terme.

L'hyper présidence semble prendre le relais des tribuns dont les représentants se raréfient et dont  les discours perdent de leur efficacité. Toutefois ce phénomène n'a pas disparu, en témoigne le discours de campagne du Bourget de François Hollande qui a fait entrer sa campagne dans une nouvelle dimension qui rappelle que la France reste un pays profondément politisé, dans l'enthousiasme comme dans le marasme.







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